La ferme semencière de l’Isra, située à Sinthiou Malème, dans la région de Tambacounda, est en rénovation grâce au Programme de productivité agricole en Afrique de l’ouest (Ppaao/Waapp). Elle va ainsi produire des semences de qualité durant toute l’année.
Sinthiou Malème, à une vingtaine de kilomètres de Tambacounda. Le soleil d’un rouge vif perd de sa force et amorce sa courbe déclinante. Il n’empêche, une chaleur moite continue de voiler l’atmosphère. Au bout d’une piste sablonneuse, des bâtiments délabrés au style colonial éparpillés par-ci, par-là, trônent au milieu d’une végétation clairsemée. Nous sommes dans la ferme semencière de l’Isra où, pour le moment, les occupants ne s’adonnent qu’à la culture pluviale. Le reste de l’année, les lieux restent presque à l’abandon. C’est peut-être ce qui explique ces amas de branchages jaunis qui tapissent le sol. Mais, grâce au Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao/Waapp), cette ferme d’une superficie de 20 ha, va bientôt reverdir et fonctionner durant toute l’année.
En effet, des systèmes d’irrigation modernes sont en train d’y être installés. Ils permettront à cette ferme de fonctionner 12/12 donc de produire des semences et en hivernage et en contre-saison. En mission de supervision, la délégation du Ppaao/Waapp et de la Banque mondiale a pu constater, de visu, que les premiers éléments de ce changement sont en train de se mettre en place petit à petit. « Nous aurons un système de goutte-à-goutte sur dix hectares destinées à la production de semences céréalières et de légumineuses et sur le reste, il est prévu d’installer un système d’irrigation oscillante, d’aspersion d’eau pour les cultures fruitières associées à des cultures maraîchères et pour l’arboriculture », informe Massaer Nguer, Responsable technique des fermes semencières de l’Isra.
Sur le site, les supports devant accueillir les asperseurs sont déjà installés et le test du réseau primaire est concluant. Les premiers jets d’eau inondent les parcelles. Quant au réseau d’irrigation du goutte-à-goutte, il a fini d’être mis sous terre. Alors que le forage devant alimenter toute cette plateforme est déjà réalisé. « Nous avons presque terminé. Il ne reste qu’à installer les équipements de surface et la station d’automatisation. Et là nous n’attendons que la fin des travaux du mur de clôture pour le faire », déclare Moussa Diama Lô, Directeur commercial de la société en charge des travaux d’irrigation. En effet, pour sécuriser la ferme, où on aura également des magasins de stockage d’une capacité de 400 tonnes, des aires de stockage, des serres canariennes de 3.000 à 5.000 m2 (pour la sélection des semences, des pépinières, etc), il a été décidé de construire un mur de clôture de deux km sur une hauteur de deux mètres surplombés par trois lignes de barbelés. En plus d’abris-gardiens, précise Khadim Thiam Directeur général de l’entreprise en charge des travaux.
Plusieurs types de semences à produire
Une fois fonctionnelle, la ferme produira plusieurs types de semences. L’Isra veut qu’elles soient de la meilleure des qualités. « Au Sénégal, les semences phares sont l’arachide, le riz et l’oignon mais dans cette ferme de Sinthiou Malème, toutes les semences nous intéressent. Par exemple, la serre-canarienne servira à l’acclimatation des plants de bananiers. Cela tombe bien parce qu’il y a un grand programme du chef de l’État pour faire 500 hectares de banane dans la zone de Tambacounda dont tous les plants devront sortir d’ici », souligne M. Nguer.
Cette ferme semencière fait partie des neuf fermes que l’Isra est en train de mettre en place dans le Programme de reconstitution du capital semencier. Six des neuf fermes sont financées par le Ppaao/Waapp. Il s’agit de celles de Bambey, de Roff, de Daara, de Sangalkam, de l’École nationale supérieure d’agriculture (Ensa) de Thiès et bien évidement celle de Sinthiou Malème. Avec ces nouvelles fermes semencières, estime le technicien de l’Isra, les problèmes liés à la qualité des semences seront bientôt de mauvais souvenirs. « Les fermes sont modernes avec des systèmes d’irrigation automatisée où il suffit d’appuyer sur un bouton pour faire irriguer une parcelle ainsi de suite. On peut même programmer, pendant toute la semaine, les parcelles à irriguer et les engrais à mettre », assure-t-il.
La ferme semencière de Bambey, située dans l’enceinte du Centre national de recherche agricole (Cnra), donne déjà une idée de ce que sera la ferme de Sinthiou Malème en termes d’équipements modernes. La délégation du Ppaao et de la Banque mondiale s’y est rendue un peu plus tôt. Ici, en effet, en plus de la production de semences, on sélectionne et expérimente des variétés améliorées sur toutes les espèces surtout l’arachide et le riz de plateau, les légumineuses, etc. Les cultures sont entretenues grâce au système d’arrosage oscillant aussi bien pour les parcelles de 21 ha du Cnra que pour les 15 ha du Centre d’études régional pour l’amélioration de l’adaptation à la sécheresse (Ceraas).
De notre envoyé spécial à Bambey et à Tambacounda,
Elhadji Ibrahima THIAM