De l’envoyée spéciale de l’APS : Seynabou Kâ
Sinthiou Malème (Tambacounda), 7 nov (APS) - La station de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) de Sinthiou Malème (Tambacounda), vieille de 79 ans, n’est plus qu’une vaste infrastructure délabrée dont la réhabilitation s’impose comme obligation, pour la mémoire et l’héritage de cette structure.
Une délégation du Projet de soutien à la productivité agricole en Afrique de l’Ouest (WAAPP, en anglais) et de la Banque mondiale (BM) a visité les locaux de cette antenne de l’ISRA, dans le cadre de la 8e mission (1-4 novembre) pour la mise en œuvre de ce projet.
Ces deux structures sont venues s’enquérir du niveau d’évolution du processus d’introduction de deux nouvelles variétés de semences d’arachide à fort rendement ("Yaakar" et "Rafète Kaar"), testées dans cette station, sous l’égide du Centre national de recherche agronomique (CNRA) de Bambey.
Sur place, deux hommes montent la garde de ce grand domaine datant de 1937 et qui s’étend sur plusieurs hectares. Un immense tapis bleu rempli de maïs attire l’attention du visiteur à l’entrée du site.
Quelques mètres plus loin, de jeunes gens vaquent à leurs occupations quotidiennes. Avec l’arrivée de la délégation du WAAPP et de la BM, ils lèvent de temps à autre un regard curieux sur les visiteurs, avant de se concentrer ensuite sur leur besogne, avec une certaine nonchalance.
Au fils des journées forcément longues et monotones avec le temps, le poids des années semble avoir pesé sur cette station de recherches qui ressemble plus à un endroit abandonné qu’habité.
Le linge étalé sur ce qui reste d’un des murs des vieux bâtiments garnissant le décor du domaine, semble pourtant attester de ce qu’il demeure toujours occupé.
Outre le bruit des voix et l’écho des pas des visiteurs, seul le son perçant de la pompe manuelle rouillée par le temps et le manque d’entretien, dérange la quiétude des lieux.
A une dizaine de mètres de là, de l’autre côté du domaine, deux vastes tas de semences d’arachide des fameuses nouvelles variétés "Yakaar" et "Rafète Kaar" sont exposés. Ces semences sont réputées avoir un rendement plus élevé et un cycle court de 90 jours.
Un peu plus loin, sur le côté droit de la station, une parcelle d’arachide de plusieurs hectares attend de terminer son cycle.
Sur le côté opposé, un petit groupe de femmes récoltent gaiement le maïs, discutant et riant aux éclats tout en travaillant. Scènes ordinaires de la campagne insouciante dans son éternité.
A l’approche des visiteurs, elles interrompent un court moment leur besogne pour taquiner les journalistes accompagnés d’une camerawoman qui tente de les prendre en photo.
Ce bref instant de distraction passé, elles se concentrent de plus belle sur leur activité.
"La station est très malade. Ici, il n’y a rien du tout ni tracteur ni machine", déplore le gérant de la station, Mamadou Lamine Sonko, avant de demander à la délégation d’aider à la réfection de la structure.
En plus des problèmes d’infrastructures, le vieux Sonko révèle que la pluviométrie de cette année a baissé. "On a eu 548 mm en 43 jours, alors que la moyenne était de 800 mm. Il va falloir mettre à la disposition des populations des semences de qualité", dit-il, dans un clin d’œil aux nouvelles variétés testées.
Au terme de cet échange, l’agroéconomiste principale Ayfa Fatimata Ndoye Niane, chargée de la mise en œuvre du PPAAO/WAAPP au sein d la Banque mondiale, a promis de faire son possible pour que les marchés correspondants puissent être exécutés dans les délais, afin que la station puisse être réfectionnée.
SK/BK