L’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), en collaboration avec la Société de développement agricole et industriel (Sodagri) et la Fédération des producteurs du bassin de l’Anambé (Feproba), a mis à l’essai près de 53 variétés de riz (26 dans les bas-fonds et 27 dans les plateaux) importées du Mali, du Brésil, d’Africa Rice et du Sénégal. Un projet financé par le Fonds national de recherches agricoles et agroalimentaires (Fnraa), une agence d’exécution du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao-Waapp).
Près de 53 variétés de riz sont en phase test en haute Casamance. Elles sont testées par l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), en collaboration avec la Société de développement agricole et industriel (Sodagri) et la Fédération des producteurs du bassin de l’Anambé (Feproba). Ce projet est intitulé : « Introduction de nouvelles technologies pour l’amélioration de la productivité de riz dans le périmètre irrigué de l’Anambé et dans les vallées rizicoles en Casamance ». Il est financé par le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao-Waapp) à travers le Fonds national de recherches agricoles et agroalimentaires (Fnraa) à hauteur de 90 millions de FCfa. Recevant à Saré Mansaly (commune de Coumbacara, département de Kolda) la huitième mission d’appui de la Banque mondiale et du gouvernement du Sénégal, le coordonnateur du projet, Moustapha Guèye, a expliqué que ces variétés de riz sont importées du Mali, du Brésil, d’Africa Rice et du Sénégal. Ces 53 variétés sont testées dans quatre sites. Il s’agit de Thidély et de Saré Mansaly dans la commune de Coumbacara, de Mballo Counda (commune de Médina Chérif) dans le département de Kolda. Pour les départements de Vélingara et Médina Yéro Foula, c’est le bassin de l’Anambé et Lowène qui abritent les sites de test. M. Guèye, chercheur à l’Isra de Kolda précise que 26 variétés de riz sont testées dans les bas-fonds (25 variétés plus un témoin) et 27 en plateau (26 plus un témoin).
Des responsables du Ppaao-Waapp, de la Banque mondiale et des agences d’exécution ont visité, jeudi dernier, les villages de Saré Mansaly et Soutouré (Anambé), des sites où sont mises à l’essai ces variétés. Parmi ces variétés, les producteurs vont choisir les trois meilleures qui seront retenues. Les trois que les producteurs considèrent comme mauvaises seront éliminées.
Assurer l’autosuffisance en riz
D’une durée de deux ans (2106-2018), le projet vise à contribuer à l’atteinte de l’autosuffisance en riz en Haute Casamance, conformément aux orientations du Programme national d’autosuffisance en riz (Pnar) par l’amélioration de la productivité dans les systèmes de production de l’Anambé et l’introduction de nouvelles technologies ainsi que le renforcement des capacités des acteurs. Moustapha Guèye insiste sur l’importance de connaître les besoins des producteurs en semences. « Kolda est une région rizicole mais les producteurs n’ont pas les bonnes variétés. C’est pourquoi, nous sommes en train de tester ces nouvelles variétés qui vont contribuer à booster la productivité », a déclaré le coordonnateur du projet.
Il s’agit d’élargir la gamme de variétés proposées aux producteurs et leur permettre de choisir les plus productives. «Nous allons collecter des données et l’on fera une évaluation. Des tests culinaires seront également organisés », a-t-il ajouté. Les productrices de Saré Mansaly ont salué la mise en test de ces nouvelles variétés. «Ces variétés de riz sont de bonne qualité. Pour le moment, nous ne savons pas ce qui va se passer après cuisson, mais nous apprécions la texture », a affirmé Nara Baldé, porte-parole des productrices. « Toutes ces variétés sont intéressantes pour le Sénégal. Nous ferons en sorte qu’elles puissent bénéficier à beaucoup de producteurs », a déclaré Aifa Fatimata Ndoye Niane, agroéconomiste principale à la Banque mondiale, chargée du Waapp.
Après Saré Mansaly, la délégation s’est rendue au village de Soutouré, dans le bassin de l’Anambé qui abrite également des sites tests. Dans ce bassin, Moustapha Guèye a plaidé pour la construction d’une station de recherche en semences. «Il est temps d’avoir une ferme semencière dans le bassin de l’Anambé. Les institutions de recherches doivent s’y atteler », a-t-il lancé. «L’utilisation de semences est délicate. Il faut en avoir la maîtrise. Celles que nous sommes en train de produire sont de bonne qualité et au-delà de notre propre production, nous pourrons en vendre », a confié El Hadji Aly Gano, président de Feproba. Avec le soutien du Waapp et de la Banque mondiale, il espère que le problème de semence sera bientôt résolu.
Pour Abdoulaye Daff, chef d’antenne de la Sodagri pour la Casamance, l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire en riz nécessite l’introduction de nouvelles variétés et du matériel. Il a salué la mise en œuvre de ce projet dans la région.
De notre envoyé spécial à Kolda, Aliou KANDE
Bassin de l’Anambe : Près de 600 millions de FCfa générés en 2016 par la vente de semences
La production et la vente de semence de riz est rentable dans le bassin de l’Anambé, a affirmé, jeudi dernier, El Hadji Aly Gano, le président de la Fédération des producteurs du bassin de l’Anambé (Feproba). Il recevait la huitième mission d’appui de la Banque mondiale et du gouvernement dans le cadre du Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (Ppaao-Waapp). En 2015, a-t-il indiqué, les producteurs de semences du bassin ont écoulé plus de 1200 tonnes de riz auprès de l’Etat, de la Sodagri et d’autres structures pour une valeur de près de 400 millions de FCfa. En 2016, note M. Gano, la vente de semences a connu une hausse. Les producteurs ont écoulé près de 1.700 tonnes pour un montant de 600 millions de FCfa. « La production de semence de riz est difficile mais rentable», a souligné M. Gano. Il demande tout de même à la Banque mondiale et au Waapp de poursuivre le soutien des producteurs du bassin pour sécuriser la production de semence.
A. KANDE